commencé une offensive foudroyante. Le 17 juin 1945, le SS de la cuisine nous annonce qu’il faudra fournir pour le lendemain la nourriture à emporter pour un très grand nombre de prisonniers du camp1 . C’est l’évacuation, c’est la fuite ...Birkenau vit ses derniers jours.
Le 18 janvier, nous quittons le camp à pied, encadrés par les SS. Dans la neige, nombreux sont les cadavres d’hommes et de femmes qui sont tombés là, exténués ou abattus, mais toujours achevés. L’ordre est ainsi, personne ne doit tomber vivant dans les mains de l’ennemi2 . Après deux journées de marche, nous arrivons dans une petite gare.
Pendant trois jours et trois nuits le train roule. Il neige et nous sommes tassés dans un wagon sans toit. Nous arrivons au camp de Gross-Rosen. Nous y restons trois semaines puis repartons dans des conditions aussi pénibles jusqu’à Nordausen. Nous y passons fin février. Chaque jour arrivent de nouveaux évacués. Le camp double, triple puis quadruple son effectif. La nourriture est très insuffisante. La région est bombardée par les Américains.
Début mars, je fais partie d’un « transport » à nouveau à pied, à destination de Dora où j’ai séjourné un an plus tôt. Deux jours après, je pars pour Harzungen. Le 1er avril, nous entendons l’explosion des bombes toutes proches : Nordhausen est violemment bombardé par les avions alliés.
Il faut aussi partir devant l’avance des Américains. Nous marchons, nous marchons, trente kilomètres par jour sans manger. J’avance péniblement, sale et maigre, pieds nus. J’arrive le 11 avril dans un petit village à douze kilomètres de Magdebourg. Tout à coup, une violente explosion retentit. Les SS se croient cernés par les Américains. Personne ne fait plus attention à nous. Nous restons en arrière et nous nous retrouvons « libres » sur la route. Nous nous cachons dans les campagnes. Deux jours après, les Américains arrivent ... Le cauchemar s’achève enfin le 13 avril 1945. »
1 A. Rogerie travaille alors à la cuisine.
2 Les SS voulaient détruire toutes les preuves et, par conséquent, ils ne laissaient aucun survivant pour témoigner.