Présentation du contexte historique et analys

Cette gravure en couleurs de la fin du XIXème siècle met en scène l’arrivée des immigrants dans le port de New-York après leur traversée de l’Atlantique. Au premier plan, on voit un groupe d’hommes et de femmes sur le pont d’un navire. Au deuxième plan, on voit trois bateaux à voile et la « statue de la liberté ». Lorsque la statue de la Liberté a été inaugurée, les paquebots avaient remplacé les navires à voile. D’autres sources sur l’arrivée des migrants à New-York permettront de prendre une distance critique avec ce que donne à voir cette image. (Question 1)

La « statue de la Liberté » a été réalisée à partir de l’œuvre du sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904) : « La Liberté éclairant le monde ». La réalisation de la structure métallique qui sert de support à l’habillage en cuivre fut confiée à Gustave Eiffel. Lorsqu’elle fut inaugurée le 28 octobre 1886, elle n’est pas présentée comme un symbole de bienvenue adressée aux nouveaux arrivants, mais comme l’expression de l’amitié entre deux républiques se réclamant de l’universalisme des Lumières : « Elle est censée non seulement consolider les liens historiques entre Français et Américains, mais surtout rappeler le triomphe des idées des Lumières par la double révolution aux Amériques et en France. Bartholdi imagine dès 1871 implanter la Statue de la Liberté sur l’île Bedloe, dans la baie de New York. Elle aura le visage tourné vers l’Europe, en souvenir de la traversée depuis les Etats-Unis des principes désormais réalisés de liberté personnelle et collective … Allégorie s’il en est, elle recèle de nombreux symboles. Les sept pointes de sa couronne seraient soit les continents, soit les océans – et figurent donc le monde. Les tablettes tenues sur le bras gauche portent l’inscription de la date de l’indépendance, le 4 juillet 1776, et correspondent au triomphe du droit. La flamme rappelle quant à elle les Lumières, et par conséquent l’exigence de liberté qui marquait cette pensée. Les chaînes brisées à ses pieds sont celles de l’esclavage, dont la pratique a lié négociants et agriculteurs des deux nations durant deux siècles. » (Alexandre Sumpf, cf. « liens »). . Elle n’est devenue qu’ultérieurement un des symboles des rêves des migrants arrivant à New-York. (Question 2)

Les immigrants représentés semblent être pour la plupart d’origine rurale. Les personnages à gauche de l’image (femmes coiffées d’un fichu et hommes à la tête couverte d’une toque de fourrure) sont probablement d’origine russe. Les hommes barbus portant casquette peuvent être des Juifs d’Europe orientale. Le personnage de dos au centre droit de l’image porte un costume typiquement balkanique et, il est possible, que le groupe représenté soit originaire de l’Empire ottoman.

Cette gravure pourra être mise en relation avec les photographies prises par Augustus Frederick Sherman (1865-1925). Ses fonctions dans les services de l’administration américaine de contrôle de l’immigration lui ont permis de réaliser à Ellis Island des portraits d’immigrants (hommes, femmes, enfants, seuls ou en groupe) de diverses origines géographiques et sociales. (Question 3)

La gravure exprime à travers les attitudes et les gestes des différents personnages représentés la diversité des sentiments de ceux et celles qui arrivent aux Etats-Unis symbolisés par la statue de la Liberté : joie enthousiaste, espoir, méditation et recueillement … Hommes et femmes de différentes nations et de tous âges ont le regard tourné vers leur avenir et leur future nation. Cette image donne une représentation idéalisée de l’arrivée du navire. Elle est, toutefois à mettre en relation avec le texte de Mary Antin qui exprime sa joie lorsqu’elle croit être arrivée au terme de son odyssée : « Quelle clameur s’élevait alors ! Tous se montraient du doigt l’heureuse vision, comme si les autres ne la voyaient pas. Tous les yeux étaient fixés sur elle, comme s’ils contemplaient un miracle … » (Question 4)

Liens

• http://www.histoire-image.org : le site «1789-1939 : l’histoire par l’image » (Réunion des Musées nationaux et Direction Générale du patrimoine) propose de remarquables dossiers thématiques avec une présentation du contexte historique, une analyse et une interprétation des œuvres choisies. Alexandre Sumpf a rédigé le dossier consacré à la « statue de la Liberté ».
• http://www.histoire-immigration.fr/index.php?lg=fr&nav=600&flash=0 : on trouve sur le site de la Cité Nationale d’Histoire de l’Immigration (CNHI) outre des reproductions de photographies de A.-F. Sherman, un remarquable dossier pédagogique réalisé par Jean-Marie Baldner.