3. Un transect romain
3a. La construction des grands ensembles de constructions populaires
Questions 3a
3b. Une mosaïque de photographies prises du centre à l’Est de l’agglomération romaine
Présentation 3b
Un transect est une coupe sélective réalisée à travers un espace circulaire pour pouvoir l’étudier dans sa globalité mais pas dans son intégralité.
Ici, on a réalisé une coupe de l’agglomération romaine à l’aide de photographies extraites de Google-earth.
Les photographies prises du ciel constituent une bande continue d’environ un kilomètre de largeur et 12 kilomètres de longueur à l’Est du Colisée.
Les photographies prises du sol ont été espacées d’environ un kilomètre en direction de l’Est le long de la même bande en partant du Colisée.
La localisation du transect apparaît en tirets verts sur la carte du document 3a.
Questions 3b
3c. Un transect de photographies verticales du centre à l’Est de l’agglomération romaine
Présentation 3c
Partant du centre de Rome, symbolisé par le Colisée, le transect a été tracé en direction de l’Est, en longeant au sud toute la via Prenestina, jusqu’au-delà de l’autoroute périphérique.
Questions 3c
Réponses aux questions 3a
- Les parcelles cartographiées sur le document 3a sont des zones où, à différentes époques, la municipalité de Rome ou l’Etat ont pris l’initiative de financer la construction d’un habitat social accessible aux résidents populaires. Ces « habitations à loyer modéré », ces « HLM » comme on les appelle en France, se présentent généralement comme de grands ensembles de logements superposés dans des immeubles collectifs.
- Les zones d’habiLe tri des photographies permet de repérer sur ce transect l’extension du centre historique (jusqu’à 3-4 kilomètres du centre) puis un secteur résidentiel (jusqu’à 7-8 kilomètres) et enfin des zones où se mélangent différentes activités de part et d’autre de l’autoroute périphérique. Mais l’observation des images satellites montre que la réalité est encore plus complexe (cf. document 3c). tat social sont quasiment absentes du centre-ville ancien. Elles ont été principalement localisées dans l’est et dans le sud de l’agglomération où elles devaient accueillir environ 700 000 habitants. On remarque que, nombreuses et de grande surface dans le plan de 1962, ces zones sont devenues de plus en plus petites et de plus en plus éloignées dans les plans ultérieurs de 1984 et de 2006. On peut y voir la marque d’un renoncement progressif des autorités italiennes, devenues plus libérales, à la mise en œuvre des opérations d’habitat social de grande envergure à cause de leur coût financier important et de leur efficacité contestée.
- La politique de construction de l’habitat social (loi 167 en Italie) est destinée à lutter contre une urbanisation à la fois anarchique dans ses localisations et inégalitaire dans sa répartition des différentes catégories sociales d’habitants. Le but est d’éviter de trop grandes ségrégations en maintenant une certaine mixité et proximité socio-spatiale. Elle se heurte à de nombreux obstacles parmi lesquels le coût de la maîtrise foncière et les nombreux exemples de spéculations. Bien souvent aussi elle a conduit à certaines concentrations de pauvreté (par exemple dans les grands ensembles de Decima ou de Spinaceto).
Dans presque toutes les villes d’Europe la croissance démographique de l’après-guerre et, dans certains pays, les immigrations issues de la décolonisation, ont nécessité de telles politiques du logement pour mieux contrôler l’expansion de l’urbanisation et limiter les ségrégations spontanées qu’elle provoque. Presque partout en Europe, les paysages des périphéries urbaines portent les traces visibles de ces difficultés de croissance et de ces efforts, parfois réussis, d’adaptation sociale.
Réponses aux questions 3b
- L’observation des photographies vise non à souligner l’originalité de chacune mais à dégager les critères qui font la particularité de chaque paysage urbain représenté. On retiendra principalement le Colisée romain sur la photo 1, l’église médiévale du Latran sur la photo 2 et l’enceinte romaine d’Aurélien sur la photo 3. Un aqueduc et une desserte ferroviaire sur la photo 6, de petits immeubles résidentiels et une rue plantée d’arbres sur la photo 5, de grands immeubles d’habitat social sur la photo 6, à nouveau de petits immeubles mais donnant sur des rues sans arbres en photo 7, de petits immeubles et des pavillons proches d’un centre commercial sur la photo 8, une petite zone d’activités sur la photo 9, d’anciens entrepôts et de nouveaux bureaux en bordure d’agglomération sur la photo 10, le franchissement de l’autoroute périphérique en photo 11, un espace peut-être encore agricole en photo 12 et une route de campagne et une station-service en photo 13.
- Il y a des monuments anciens sur les quatre premières photographies mais, après la voie ferrée, on voit principalement des immeubles résidentiels (photographies de 5 à 7) alors que les activités n’apparaissent partout qu’à partir de la huitième photographie. Les espaces non urbanisés commencent à se montrer à la 10ème , c'est-à-dire à 9 kilomètres du centre mais, dans d’autres parties du transect (cf. document 3c), on en trouve même à 5 kilomètres du centre-ville.
- Le tri des photographies permet de repérer sur ce transect l’extension du centre historique (jusqu’à 3-4 kilomètres du centre) puis un secteur résidentiel (jusqu’à 7-8 kilomètres) et enfin des zones où se mélangent différentes activités de part et d’autre de l’autoroute périphérique. Mais l’observation des images satellites montre que la réalité est encore plus complexe (cf. document 3c).
Réponses aux questions 3c
- Chaque photo recoupe la surface de sa voisine d’environ 5 %. La zone densément urbanisée s’étend vers l’est jusqu’à 4 ou 5 kilomètres du centre. On franchit alors une deuxième bande résidentielle large de 1,5 kilomètres. Puis, entre 8 et 12 kilomètres et même au-delà, alternent des noyaux d’urbanisation plus ou moins isolés dans un espace périurbain où subsistent de grands espaces vides.
- Jusqu’à 4 kilomètres du Colisée, on reconnaît les toits de tuiles et les cours intérieures, parfois arborées, des immeubles cossus construits depuis le XIXème siècle dans le centre de Rome. A 4,5 kilomètres s’opère une transition entre le cœur de l’agglomération et une banlieue qui alterne deux pôles d’habitats collectifs populaires reconnaissables à leurs grandes barres parallèles, aux centres commerciaux et aux terrains de sports voisins (à 5 kilomètres et à 8 kilomètres) de part et d’autre d’une nappe d’urbanisation (entre 6 et 7,5 kilomètres) caractérisée par un quadrillage serré de voies uniformément bordées d’immeubles bas et compacts presque sans espaces verts. Au-delà de l’autoroute périphérique (à 10,5 kilomètres du centre) se poursuit encore cette alternance de nappes de petits immeubles et de pôles d’habitat social séparés par des espaces agricoles.
- Peut-être parce que la croissance a été plus régulière dans cette partie de l’agglomération, il est assez facile d’y reconnaître des grands types de quartiers tels que les quartiers bourgeois, les résidences des classes moyennes et les grand ensembles populaires car ils semblent spatialement bien séparés. En revanche on y voit peu de ces banlieues pavillonnaires et de ces concentrations d’industries que l’on trouve plus souvent dans d’autres grandes villes d’Europe. Elles existent ailleurs dans l’agglomération mais ce ne sont pas des paysages dominants dans une capitale italienne qui est plus intellectuelle et administrative qu’ouvrière.
La question relative au choix d’une résidence personnelle vise à impliquer d’avantage les élèves dans l’observation des documents afin de leur faire comprendre que la vie urbaine est aussi une question de stratégie personnelle de choix de vie et d’habitation. Elle peut également donner lieu à un débat sur les mérites respectifs de différents quartiers d’ici, à Rome, ou d’ailleurs, en Europe.
Présentation 3a
Dans sa thèse, le géographe français Aurélien Delpirou pose le problème de croissance de l’agglomération romaine ainsi : « La capitale italienne a longtemps été une ville symbole des retards du transport collectif, des échecs de la planification urbaine et de la perversion des politiques publiques par les dynamiques spéculatives. Elle est souvent présentée par les chercheurs transalpins comme le cas paradigmatique de la prétendue «anomalie génétique» des villes italiennes: une croissance urbaine tardive et anarchique, opérée sans le soutien de réseaux modernes de communication».Tout en cherchant à nuancer ce point de vue dominant, il décrit un processus (qu’il qualifie de « marche arrière » de l’urbanisation) de soudure d’îlots urbanisés de façon anarchique : «la soudure résultait de la conjonction entre des programmes de logement public sur de lointains terrains périphériques cédés à bas coût par des grands propriétaires fonciers, le prolongement consécutif des lignes de tramway et de trolleybus, et la valorisation spéculative des espaces intermédiaires par une promotion immobilière privée en grande partie contrôlée par ces mêmes propriétaires (...) les soudures engendrèrent dans tous les cas une expansion linéaire, qui juxtaposait des alignements de logements collectifs et un habitat de standing moins dense ». Cette évolution se devine en certains points du transect mais ce n’est pas précisément le secteur qu’a étudié Aurélien Delpirou.