Professeur | Elève
Initialement produit en: France
Également disponible en: en

Niveau de Classe

Classe de 3e Histoire : « II – Guerres mondiales et régimes totalitaires (1914-1945). Thème 1 - La Première Guerre mondiale : vers une guerre totale (1914-1918) », « Programmes du collège. Programmes de l’enseignement d’histoire-géographie-éducation civique », Bulletin officiel de l’Éducation nationale spécial n° 6 du 28 août 2008, p. 41.

Possibilité classe de CM2 (documents 1a et 2b) : Culture humaniste, Histoire : « Le XXème siècle et notre époque. La violence du XXème siècle : les deux conflits mondiaux ». France

Résumé

La Première Guerre mondiale est généralement caractérisée, comme première guerre moderne, par l’industrie de mort et la violence de masse. La presse illustrée, notamment L’Illustration et Le Miroir, après avoir pratiqué dans les premiers mois de la guerre « le bourrage de crâne » (propagande) diabolisant l’ennemi, offre une documentation réaliste, même si elle est quelquefois arrangée, en publiant, avec des images officielles de la Section photographique de l’armée, celles de photographes amateurs, pour faire partager à ses lecteurs de l’arrière par l’image les conditions des combats.

Pré-acquis

Connaître les principales phases de la Première Guerre mondiale et les principaux champs d’opération sur le front de l’ouest.

Objectifs Notionnels

  • Connaître les notions de propagande (« bourrage de crâne »), censure.
  • Connaître quelques exemples de presse illustrée pendant la Première Guerre mondiale.

Objectifs Méthodologiques et Compétences

  • Décrire et analyser une photographie.
  • Prendre des indices et formuler des hypothèses sur les conditions de prise de vue d’une photographie et de réalisation du tirage, de sa mise en page, sa publication et sa diffusion.
  • Décrire et analyser une mise en page.
  • Comparer et mettre en relation des documents iconographiques et textuels et élaborer une synthèse.

Activités Proposées

Le choix des photographies retenues exclut volontairement les photographies de morts et de corps mutilés, publiées en grand nombre dans la presse illustrée. Dans Le Miroir, à partir du lancement du concours, les photographies sensationnelles se multiplient, voir par exemple les numéros du 9 et du 23 mai 1915, du 6 juin, du 26 décembre 1915, du 21 mai, du 8 et du 15 octobre 1916… (http://www.1914-1918.fr).

Après avoir observé les documents iconographiques sur le front de l’ouest, les élèves ou le professeur situeront les quatre documents extraits des numéros de l’été 1915 du Miroir dans une chronologie de la Première Guerre mondiale.

Le Miroir, comme périodique, n’est pas numérisé, mais à défaut le site 1914-1918 : la première Guerre mondiale par la photographie (http://www.1914-1918.fr) permet de découvrir les photographies publiées dans chacun des numéros de l’hebdomadaire. En complément le professeur pourra donner à feuilleter sur écran quelques exemplaires et à lire quelques articles des principaux quotidiens et hebdomadaires de cette période mis en ligne par la Bibliothèque nationale de France : Le Petit Journal, Le temps, Le Figaro, L’Humanité (http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/anx_pres/a.historiques_titres_de_presse.html), J’ai vu...

Chacun des documents iconographiques sera décrit attentivement et analysé (cadre, cadrage, angle de prise de vue, point de vue, focalisation, composition…) pour lui-même et dans sa mise en page en relation avec son titre et sa légende, sans oublier le choix des pages de publication (voir par exemple les documents 1 et 2 publiés en double page centrale du magazine), puis comparé avec les autres. Selon le cas, et en s’appuyant sur les questions, le professeur proposera, en regard de l’analyse de la photographie, l’étude des champs lexicaux des textes qui accompagnent les photographies.

L’étude de la position du photographe lors de la prise de vue est particulièrement intéressante à mener avec les élèves, car d’une part elle permet des hypothèses sur l’arrangement éventuel de la photographie, sur ce qui n’est pas montré de l’action ou du mouvement (la photographie est en général prise avant ou après l’action, pendant laquelle le photographe abandonne son appareil photo pour son arme), d’autre part, pour le lecteur, elle introduit à l’empathie recherchée par le journal.

L’objectif est de faire comprendre aux élèves que la photographie de presse, tout en étant un reflet de la réalité, n’est ni la reproduction objective de cette réalité, ni un « trucage » systématique ; qu’une photographie arrangée, dès lors qu’on en connaît au moins partiellement les conditions de production et de diffusion, en apprend tout autant sur la réalité qu’une photographie prétendument neutre, objective, vraie ou non retouchée. Il s’agit, à partir de ce corpus, qui peut être facilement élargi, par les images disponibles sur Internet, de faire prendre conscience de la valeur et des limites documentaires et de témoignage de la photographie de presse. La proposition d’achat de documents photographiques et le lancement de concours conduit à poser le problème du professionnel, notamment dans le cadre de la Section photographique de l’armée, et de l’amateur. Qu’est-ce qui fait la valeur d’une photographie, qu’elle est intéressante à publier pour un journal ? Comment la met-il en valeur ?

L’étude des textes, menée ensuite ou en parallèle, permet d’aborder la question de la propagande et de la censure dont l’étude peut être menée en parallèle pour les principaux belligérants du front ouest.

La rédaction par les élèves à partir de ces quatre photographies d’une part d’un reportage et d’autre part d’un article scientifique les confronte directement à toutes ces questions. Pour aborder l’exercice, on peut leur demander au préalable de rédiger le titre et la légende de chaque photographie ou d’autres photographies tirées du Miroir ou de L’Illustration ou plus simplement de leur manuel.

Enfin la séance ne saurait se concevoir sans l’étude de la photographie de guerre contemporaine. Deux démarches sont possibles :

  • l’étude de reportages photographiques dans la presse.
  • l’étude d’œuvres de photographes exposant dans des galeries, notamment ceux qui prônent la photographie documentaire.

La découverte par les élèves de l’œuvre de Bruno Serralongue (http://www.brunoserralongue.com/) qui réalise des reportages en marge des événements, sans accréditation et fait œuvre de photographies recadrées selon les besoins de la maquette d’un journal est une introduction indispensable (voir les exposition Bruno Serralongue : Société de l’information et Témoins d’histoire au centre Photographique d’Ile-de-France http://www.cpif.net/, les dossiers pédagogiques sont disponibles gratuitement à la demande).

La première démarche se différencie quelque peu de ce qui est présenté pour les photographies du Miroir, en proposant, après l’étude d’une ou plusieurs photographies (cadre, cadrage point de vue, mise en page, etc.) avec leur titraille, leur légende, leur copyright (comparaison visuel / texte, etc.), la comparaison de la représentation photographique du même événement dans plusieurs quotidiens et périodiques.

La deuxième démarche consiste à étudier une œuvre, un « regard » sur l’événement guerrier en comparant les photographies publiées par un même photographe (par exemple Robert Capa, James Natchtwey, Don McCullin…) dans la presse, leur présentation dans une exposition et leur publication dans un livre d’artiste ou un recueil (voir par exemple les albums de Reporters sans frontières : www.rsf.org).

L’approche critique pourra en amont ou en aval être menée avec l’étude, par exemple, de :

Suggestion d’évaluation

L’évaluation peut se faire sous forme de courtes synthèses où les élèves doivent être capables :

  • d’analyser une photographie en employant le vocabulaire approprié : cadre, cadrage, point de vue, angle de prise de vue, focalisation, composition… ;
  • de formuler des hypothèses sur la prise de vue ;
  • de formuler des hypothèses sur les intentions des choix et de la mise en page du journal ;
  • de resituer approximativement les documents dans leurs contextes historique et géographique ;

Prolongements et Interdisciplinarité

Sur la photographie et les images de guerre, pour montrer aux élèves que la photographie de la Première Guerre mondiale n’est pas seulement en noir et blanc :

Beurier Joëlle, Images et violence 1914-1918. Quand le Miroir racontait la Grande Guerre…, Nouveau monde, 2007.

Cazals Rémy, 1914-1918. Images de l’arrière-front. Raoul Berthelet, lieutenant et photographe, Privat, 2008.

Chambon Pascal, Le Poilu photographe. Un Stéphanois dans les tranchées de Picardie, Alan Sutton Eds, 2009.

Corvisier Jean-Claude, Sur la route des taxis de la Marne, De Gagny à Nanteuil-le-Haudoin, Alan Sutton Eds, 2010.

Didier Christophe, Orages de papier 1914-1918 : Les collections de guerre des bibliothèques, Somogy, 2008.

Gervereau Laurent, Montrer la guerre ? Information ou propagande, Paris, Scérén-CNDP – Isthme éditions, Collection Pôle Photo, 2006.

La Grande Guerre vue par les artistes et les écrivains (1914-1918), J’ai lu Librio, 2006.

Lecerf Léon, 1914-1918 Regard d’un médecin militaire, Charles Hérissey, 2005.

Miquel Pierre, 14-18 : mille images inédites, Chêne, 1998.

Regards sur la Première Guerre mondiale, Rennes, Éditions Ouest-France, 2009.

Verney Jean-Pierre, Pecnard Jérôme, La guerre de 1914-1918 en relief : l’album de la Grande Guerre, Les Arènes, 2004.

Voir, ne pas voir la guerre : histoire des représentations photographiques de la guerre, Paris, Somogy, BDIC, 2001

Tous ces ouvrages proposent de nombreuses reproductions et il est relativement facile de trouver photographies et cartes postales d’« instantanés » de guerre produits par des amateurs. Un des plus connus est René Pilette (voir le dossier La représentation du soldat pendant la Grande Guerre, http://crdp.ac-amiens.fr/historial/soldat/) qui vend ses tirages à J’ai vu et au Matin.


Allemand, anglais, italien, polonais : Mener une étude parallèle avec les périodiques illustrés des différents pays belligérants.


Littérature : Dans tous les pays belligérants de nombreux écrivains ont décrit les conditions de la guerre, souvent sous forme de mémoire. En français, on peut retenir des extraits à mettre en regard des photographies ou faire lire aux élèves, par exemple :

Alain (Chartier Émile), Souvenirs de guerre, Paris, Paul Hartmann, 1937. Les classiques des sciences sociales (http://classiques.uqac.ca) en proposent une édition électronique (http://classiques.uqac.ca/classiques/Alain/souvenirs_de_guerre/souvenirs.html). Voir notamment le chapitre LXXIII « Tirs de nuit » où Alain évoque la photographie aérienne comme moyen de repérage.

Apollinaire Guillaume, Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), Poèmes à Lou [Ombre de mon amour], Paris, Gallimard La Pléiade, 1956. Voir aussi Becker Annette, Apollinaire et la guerre, Tallandier, 2009.

Barbusse Henri, Le Feu. Journal d’une escouade (1916), réédition, Paris, Folio, 2007.

Céline Louis Ferdinand, Voyage au bout de la nuit (1932), réédition Paris, Folio, 1972.

Cendrars Blaise, La main coupée, Paris, Éditions Denoël, 1946, réédition Folio, 2009.

Chevallier Gabriel, La Peur (1930), réédition Le Dilettante, 2008.

Deauville Max (Maurice Duwez), Jusqu’à l’Yser, Paris, Calman-Lévy, 1917. La Boue des Flandres, Bruxelles, Maurice Lamartin, 1922, réédition d’extraits choisis La Boue des Flandres et autres récits de la Grande Guerre, Labor, 2005.

Delteil Joseph, Les Poilus (1925), réédition Paris, Grasset, 2008.

Daeninckx Didier, Le Der des ders, Folio, 1999.

Dorgelès Roland (Roland Lecavelé), Les Croix de bois (1919), réédition Paris, Le livre de poche, 1975.

Duhamel Georges, Civilisation (1918), réédition Paris, Mercure de France, 2001.

Genevoix Maurice, Ceux de 14 (1949), réédition Points Seuil, 1996.

Giono Jean, Le Grand troupeau (1931), réédition Paris, Folio, 2001.

Londres Albert, Contre le bourrage de crâne, Arléa Poche, 2008.

Mac Orlan Pierre (Pierre Dumarchey), Les Poissons morts (1917), La Fin (1919), repris avec Devant la Meuse (1934), dans Propos d’infanterie, Paris, Fernand Sorlot, 1936 ; Bob bataillonnaire (1919), réédition Le bataillonnaire, Paris, Gallimard NRF, 1989 ; Verdun, Paris, Nouvelles éditions latines, 1935 ; Dans les Tranchées, Paris, Arthème Fayard, 1939.

Meckert Jean, La marche au canon, Losfeld Joëlle - Arcanes, 2005.


Sur les destructions de villes en Belgique, une série illustrée, à comparer au document 1 :

Destrée Jules, Villes meurtries de Belgique. Les villes wallonnes, G. Van Oest et Cie, 1916.

Dumont-Wilden Louis, Villes meurtries de Belgique. Bruxelles et Louvain, G. Van Oest et Cie, 1916.

Nothomb Pierre, Villes meurtries de Belgique. Les villes de Flandre, G. Van Oest et Cie, 1916.

Verhaeren Émile, Villes meurtries de Belgique. Anvers, Malines et Lierre, G. Van Oest et Cie, 1916.


Histoire des arts : Dans ce domaine, les sources iconographiques, à mettre notamment en parallèle, avec les documents proposées, sont nombreuses. À côté d’Otto Dix, ainsi que des nombreuses gravures de ruines facilement accessibles sur Internet, on pourra s’intéresser aux missions artistiques aux armées instituées par le secrétaire d’État aux Beaux-Arts Albert Dalimier (décret ministériel du 8 novembre 1916) : voir par exemple Verdun de Félix Valloton (http://www.invalides.org/images/14-18-light%20fiches%20DRHAP/Verdun.pdf).

Voir les œuvres déjà évoquées de Jeff Wall, Raphaël Dallaporta, Eric Baudelaire, Vincent Debanne. Mais pour le début du XXe siècle, il reste indispensable de confronter la photographie avec le tableau de bataille en posant aux élèves la question de ce qui est montré respectivement dans les unes et les autres.

Les démarches peuvent s’appuyer sur le site La couleur des larmes. Les peintres devant la Première Guerre mondiale (http://www.art-ww1.com/fr/index2.html) qui propose un très grand choix d’artistes dont les œuvres présentées sont mises en regard d’extraits de textes littéraires ainsi que sur les analyses d’œuvres de Victor Prouvé, Emile Boussu, Félix Valloton, Georges Paul Leroux, Joseph Félix Bouchor, etc. sur le site de L’Histoire par l’image (http://www.histoire-image.org/).

  • Artistes en Guerre. La Grande Guerre vue par Méheut & ses contemporains, catalogue de l’exposition du Musée Mathurin Méheut, 2009.
  • Becker Annette, Dagen Philippe, Otto Dix, la guerre, Der Krieg, 5 continents Éditions, Milan / Historial de la Grande Guerre, 2003.
  • Camille Godet, œuvres de guerre 1914-1918, catalogue de l’exposition au Musée du Souvenir des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, 1999.
  • Ligné André, Le fusil et le pinceau. Souvenirs du poilu René Prud’homme, Alan Sutton Eds, 2007.
  • Otto Dix, dessins d’une guerre à l’autre, Gallimard – Centre Pompidou, 2003.
  • « Peindre la Grande Guerre 1914-1918 », CERMA Cahiers d’études et de recherches du musée de l’Armée, N° 1, 2000.

La filmographie aussi est impressionnante, on pourra retenir :

  • Léonce Perret, Une page de gloire, 1915 ; N’oublions jamais, 1918 ; Les Etoiles de gloire, 1919.
  • Charlie Chaplin, Charlot soldat, 1918.
  • Léon Poirier, Verdun. Visions d’histoire, 1928.
  • Jean Renoir, La Grande illusion, 1937.
  • Stanley Kubrick, Les Sentiers de la gloire, 1957.
  • Dalton Trumbo, Johny s’en va-t-en guerre, 1971.
  • Jean-Jacques Annaud, La victoire en chantant, 1977.
  • Bertrand Tavernier, La Vie et rien d’autre, 1987.
  • Patrick Cabouat, Fusillés pour l’exemple, 2003.
  • Jean-Pierre Jeunet, Un long dimanche de fiançailles, 2004.

La bande dessinée offre de nombreuses perspectives d’analyse de la représentation de la guerre, par exemple :

  • Comès Didier, L’ombre du corbeau, Le Lombard, 1981.
  • Daeninckx Didier, Tardi Jacques, Varlot soldat, L’Association, 1999.
  • David B., La lecture des ruines, Dupuis, 2001.
  • De Metter & Catel, Le sang des Valentines, Casterman, 2004.
  • Dumontheuil Nicolas, Le Roi cassé, Casterman, 2005.
  • Galandon Laurent, Nicaise Viviane, Le Cahier à fleurs, Bamboo, 2010.
  • Glogowski Philippe, Ypres 1916-1918. Le cahier du sergent Henry, Éditions du Triomphe, 2000.
  • Junker Nicolas, Le Front, Treize étrange, 2003.
  • Rabaté Pascal, Tolstoï Alexis, Ibicus, Vent d’ouest, 1998.
  • Tardi Jacques, Adieu Brindavoine suivi de La Fleur au fusil, Casterman, 1974.
  • Tardi Jacques, C’était la guerre des tranchées, 1914-1918, Casterman, 1993.
  • Tardi Jacques, Verney Jean-Pierre, Putain de guerre, T. 1 1914, 1915, 1916, T. 2 1917, 1918, 1919, Casterman, 2008 et 2009.